carte gastronomique

Compréhension orale

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Monsieur Publicité

Madame consommatrice croit aveuglément tout ce qui est écrit sur les étiquettes. Quand elle lit sur l’étiquette d’un bocal de jus de pamplemousse que les fruits gorgés de soleil sont délicatement pressés par des gens, Madame Consommatrice le croit. Elle imagine, dans un pays lointain, de jolies jeunes femmes en robe indienne, qui se promènent joyeusement en chantant au milieu des pamplemoussiers. Elles se tiennent par la main, elles vont tâter les fruits : « Oh celui-là n’est pas complètement gorgé de soleil, nous allons attendre un peu », ou bien : Celui-ci est gorgé de soleil, pressons-nous de le presser ». Elles ont à leur ceinture un petit presse-fruits en argent et, doucement, elles pressent le fruit. Puis elles vont verser les précieux jus dans de grandes jarres que des vieilles femmes aux cheveux blancs et au regard bienveillant rafraîchissent amoureusement avec de l’eau de source.

Ça n’étonne pas trop Madame Consommatrice qu’il soit si cher. Il faut bien les payer, toutes ces femmes. Quand elle voit les paquets de biscuits, avec leur emballage à petits carreaux rouges, et qu’elle lit que ces délicieux gâteaux pur beurre ont été confectionnés avec amour par une grand-mère selon une recette du terroir, elle a presque la larme à l’œil. Et elle achète très cher un paquet de biscuit à la mémoire de sa grand-mère.

Quand elle regarde les étiquettes, elle apprend que les vins sont fins, les vinaigres sont fins, les petits pois sont très fins, les bières sont fines, les moutardes sont extra-fines. Toute l’épicerie est fine, très fine, extrafine. Elle découvre que tous les cassoulets ont mijoté dans des casseroles en cuivre, que tous les yaourts sont généreusement brassés par de sympathiques bulgares, que toutes les charcuteries sont faites artisanalement par des charcutiers joviaux et moustachus.

Quand elle voit tous ces artisans épanouis qui lui sourient amicalement sur les étiquettes, Madame Consommatrice est émue par leurs regards. Elle aurait envie de les embrasser. Elle pense à eux quand elle passe à la caisse.

Monsieur Publicité se frotte les mains. C’est grâce à des milliers de Madame Consommatrice, comme elle, que Monsieur Pub va devenir encore plus riche.

Le commerce équitable

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